L'UTMB n'était plus un objectif depuis réellement fin juillet, après la course des Mélèzes où je m'étais de nouveau tordu la cheville. A ce moment, j'avais envisagé diverses possibilités: annuler la course (pas de remboursement), basculer sur la CCC (impossible) ou la faire sans objectif temps. Je me suis donc concentrée sur des séances de proprioception (dont la dernière ne fut pas bien réconfortante...), essayée de faire du jus afin d'arriver le plus fraiche possible (vouloir rattraper le manque d'entrainement à 3 semaines du départ serait une c...)
Je prends donc le départ strappé (merci Fanny) et pas avec autant d'envie que j'aimerai (limite j'aurai dû donner mon dossard à Maurice qui trépignait d'envie à côté). Je pas tranquillement. Il fait chaud, super lourd. Puis arrive la nuit, brumeuse: par moment, on n'y voit pas à un mètre et la roche est humide... Je ne lutte pas contre le sommeil comme l'année dernière. Je croise pleins de coureurs avec qui je passe de bons moments plus ou moins longs notamment une bonne crise de fou rire sur le bitume dans la montée vers le col de la Seigne avec Sylvain Bazin et Philipe Delachenal avant qu'ils ne m'abandonnent ;-) (et abandonnent un peu plus loin). Au levée du soleil, les cuisses sont bien raides (Je retiens beaucoup dans les descentes avec les cuisses et les batons afin d'économiser la cheville). Au Lac Combal, d'un seul coup le stress me prend...vais je arriver à finir?!!! Je téléphone à mes parents (je ne veux pas qu'ils fassent la route pour rien). Je dis à mon père que je ne suis pas bien et que je ne suis pas sûre d'aller au bout... ça ne l'inquiète pas du tout (il a en tête Son ultra : La Diagonale des Fous de 2006). Je repars les larmes aux yeux touchée par ce qu'il m'a dit. Arrivée à Courmayeur après une descente laborieuse qui me tétanise les quadri , bien que non technique ( .... no comment!!!), ma coloc, kinée à ce ravito me renouvelle mon strapp et me masse les cuisses. J'avale un bouillon (le seul truc qui me tente) avant de repartir. Maintenant, je suis en terrain inconnu...(arrêt à Courmayeur l'année dernière)
Les jambes vont bien même si la cheville tire. Je commence à piquer du nez dans la montée vers le refuge de Bertone. Je m'alonge donc 5' sur un banc (ce qui amuse beaucoup les coureurs qui passent ;-)) puis reprends la montée. Je prends de bonnes pauses au refuge de Bertone, Bonatti mais la douleur est de plus en plus présente même après la prise d'un antalgique "légal" (pris un peu pour faire plaisir à mon père ...parce que j'arrive pas à lui dire "j'arrête"...) Le plaisir est absent ....et merde.... mes parents sont en route vers Cham: "courage mimi, mets le diesel en route, on arrive" trop mignonne ma maman ;-). Je repars donc vers Arnuva. Le paysage est magnifique, la météo top et ...JE NE ME FAIS PAS PLAISIR!!! Un peu difficile la fille...
Bref, je cogite de plus en plus. Est ce que je continue avec cette douleur? Peut -être que je suis capable de finir mais ...est ce bien intéressant de risquer de m'abimer encore plus ma cheville, qui après 4 mois n'a toujours pas récupéré? Et bien non, je ne prendrai pas ce risque. ça fait déjà trop longtemps que je ne m'éclate pas en course à descendre comme une grand mère, les sensations ne sont pas bonnes depuis ma reprise fin juin. J'ai vraiment hâte de pouvoir à nouveau me faire plaisir en course et de quitter la galère "blessure". Je stoppe donc à Arnuva craignant la descente sur La Fouly pour ma cheville.
Ma grosse déception: ne pas avoir pû partager cette aventure avec ma famille ou, tout du moins, pas comme j'aurai voulu.
Et à ceux qui me disent "ça sera pour l'année prochaine "
Je répons: je ne sais pas !
J'avoue avoir été choqué par des jugements sur les personnes qui arrêtent . Un ultra est vraiment une course particulière. Avant d'en faire, je ne pensais pas abandonner une course sauf blessure. Terminer est vraimment un objectif différent selon les participants, la course (terminer un 10km et un Ultra ...c'est ...sans comparaison! ).
Autant j'ai eu beaucoup de mal à comprendre, digérer mon arrêt l'année dernière, autant je l'assume pleinement cette année (sans pour autant dire que j'ai eu raison;-))
C'est un choix, mon choix.
Merci à tous ceux qui m'ont soutenue
Tack mon frère pour le break ;-)
Reportage F3 le mag très touchant, j'ai pas mal croisé le coureur entre cham et les chapieux (il arrêtait pas de papoter ;-)http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=m31a_lemag
( L'ostéo m'a de nouveau remis la cheville en place la semaine dernière. J'espère être en pleine forme pour disputer la course de mes ancêtres ;-)